Tout
le monde sait que cette expression signifie "arriver en retard". Mais
que vient faire "la bourre" dans la tournure de phrase ?
Autrefois, "être à la bourre" signifiait que l'on était pauvre, dans la misère. Cette expression serait née d'un jeu de cartes appelé "bourre".
Celui-ci pouvait se jouer à 2, 3 ou 4. Tous les joueurs misaient la
même somme, et le tout était ensuite partagé entre eux en fonction du
nombre de plis que chacun avait levé. Lorsque l'un d'eux n'avait fait
aucune levée, on disait alors qu'il était "bourru". Au fil des manches,
il était possible de ramasser un bon paquet d'argent, si bien que celui
qui "bourrait" était celui qui avait perdu toute sa fortune, qui avait
pris du retard dans le nombre de plis amassés. Par extension, "être à la bourre" est entré dans le langage courant pour signifier qu'une personne est en retard.
Poireauter 107 ans
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| Pourquoi 107 ans, et pas 52 ou 406 ?! © Stefan Rajewski - Fotolia.com | |
"Bon, tu te dépêches oui ? Je vais pas poireauter 107 ans !"
Cette expression signifie bien sûr attendre très longtemps. Mais pourquoi utilise-t-on le nombre 107, et pas 52 ou 406 ans ?
En fait, il semblerait que la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris ait duré 107 ans. C'est de là que viendrait l'expression.
Quant à poireauter ou "faire le poireau", il faut savoir qu'au milieu du XIXe siècle, l'expression était en réalité "planter son poireau".
Elle provenait sans doute de la locution "rester planté", qui
sous-entend l'immobilité et l'inactivité. "Faire le poireau" signifie
que l'on reste droit et immobile à attendre longuement.
Avoir un nom à coucher dehors
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| Avoir un nom à coucher dehors est à prendre au premier degré... © Fuxart - Fotolia.com | |
Aujourd'hui, cette expression signifie avoir un nom difficile à prononcer ou à retenir.
Son origine
est assez surprenante. Elle provient en effet d'une époque où
lorsqu'une personne était perdue et devait demander le gîte à des
inconnus, il valait mieux pour elle qu'elle ait un nom à résonance "chrétienne"
pour que quelqu'un accepte de lui offrir un endroit où passer la nuit.
Il en était de même dans les auberges où les personnes dont le nom
était le plus bourgeois avaient le plus de chances d'obtenir une
chambre. En revanche, les autres devaient dormir dehors. Le sens de l'expression est aujourd'hui différent, même si elle a toujours une valeur assez négative.
L'armée
napoléonienne serait une autre origine possible. Elle était composée de
nombreux soldats recrutés lors des campagnes à l'étranger. Lors des
stationnements dans des villes, les habitants étaient tenus d'héberger
les officiers titulaires d'un billet de logement. Certains de ces officiers avaient des noms de consonance étrangère, ils pouvaient passer pour des ennemis. On disait qu'ils avaient des "noms à coucher dehors avec un billet de logement".
C'est la fin des haricots
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| Quand arrive la fin des haricots, c'est la dèche... © Getty Images | |
En période de crise (financière ou autre), on dit parfois que "c'est la fin des haricots", la fin de tout en quelque sorte...
D'où vient cette expression ? Au siècle dernier, on distribuait dans les internats des haricots aux élèves
quand on ne savait plus quoi leur donner en guise de nourriture. En
effet, le haricot était considéré comme un aliment de base, voire
médiocre. Quand il n'y avait même plus de haricots à manger, c'était la
fin de tout. C'est de là que provient l'expression, que l'on emploie
quand on veut signifier que "c'est la fin du monde", souvent de façon ironique.
Avoir la berlue
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| Avoir la berlue signifie avoir des hallucinations. © Borbo - Fotolia.com | |
"T'as la berlue ou quoi ?" Cette remarque est rarement positive...
Le mot "berlue" est issu de "beluga", qui signifie "être ébloui". La "berlue" est également le nom attribué à un problème de vue où l'on voit des choses qui ne sont pas devant nos yeux, telles que des points noirs ou des mouches par exemple.
C'est en référence à cette maladie que l'on dit d'une personne qu'elle a la berlue lorsqu'elle croit voir des choses qui n'existent pas.
Etre dans de beaux draps
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| A l'origine, "être dans de beaux draps blancs" désignait une personne accusée de luxure... © Cede - Fotolia.com | |
"Se mettre dans de beaux draps" signifie se retrouver dans une situation compliquée.
Les
"draps" ont longtemps désigné les "habits". Autrefois, on disait "être
dans de beaux draps blancs". Cette expression décrivait une situation
honteuse. En effet, à cette époque, les gens accusés de luxure devaient assister à la messe habillés de blanc, ce qui devait faire ressortir les aspects "noirs" de leur vie.
Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, "mettre un homme en beaux draps blancs" signifiait le critiquer. "Etre dans de beaux draps blancs" voulait donc dire que l'on était sujet aux moqueries, que l'on était dans une mauvaise situation.
Aujourd'hui le qualificatif "blanc" a disparu, mais le sens de l'expression n'a pas changé.
C'est comme pisser dans un violon
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| On est passé de "siffler" à "pisser" dans un violon... © Getty Images / Nikola Spasenoski - Fotolia.com | |
Voilà
une expression très imagée... Pour avoir choisi d'associer l'action de
"pisser" au terme de "violon" pour dire "ça ne sert à rien" ? Vaste
question !
Il semblerait qu'on ait dit autrefois "souffler" ou "siffler dans un violon" pour signifier que quelque chose était inefficace ou inutile.
En effet, le violon étant un instrument à cordes, il n'en sortira jamais aucun son si l'on souffle ou si l'on siffle dedans. Il semblerait qu'on ait ensuite utilisé le verbe "pisser" pour donner un effet comique à la locution, son sens restant le même ;
En rang d'oignon
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| L'expression "en rang d'oignon" n'aurait rien à voir avec les plantes herbacées... © Getty Images | |
Se mettre en rang d'oignon signifie se placer sur une seule ligne. Mais l'expression n'a pas toujours eu le même sens.
Au début du XVIIe siècle, elle signifiait "prendre place quelque part où l'on n'est pas invité".
On a longtemps cru qu'il s'agissait d'une allusion à la façon que les
paysans avaient d'attacher les oignons ensemble avec de la paille : du
plus gros au plus petit. Cependant, il ne faut pas lire "rang
d'oignons", comme les légumes, mais "rang d'Oignon", comme le maître de cérémonies Artus de la Fontaine Solaro, baron d'Oignon.
Il était chargé d'attitrer des places aux députés sous Henri II et se
fit connaître grâce à la sévérité avec laquelle il faisait se serrer
les rangs et respecter les places données.
Faire le pied de grue
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| Une "grue" est un oiseau mais désigne aussi une personne idiote. © Getty Images | |
En
général, on n'aime pas vraiment faire le pied de grue pendant 107 ans :
c'est le genre de situation qui peut facilement courir sur le haricot...
Apparue
au XVIIe siècle, l'expression "faire le pied de grue" a remplacé "faire
la jambe de grue". Celle-ci provenait du verbe "gruer" qui signifiait
"attendre".
De plus, il s'agissait aussi d'une référence à la grue en tant qu'oiseau,
souvent citée pour désigner une personne idiote. "Faire le pied de
grue" est donc équivalent à "attendre en ayant l'air un peu sot".
C'est la croix et la bannière |
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| | Quand c'est la croix et la bannière, cela signifie que l'on va ramer. © Getty Images / U.P.images - Fotolia.com | |
| Au XVe siècle, il arrivait souvent que des cortèges religieux accompagnent les personnages importants. En tête se trouvaient des hommes qui portaient la croix et d'autres qui portaient une bannière, celle-ci servant à différencier la paroisse de la confrérie. Ces cortèges demandaient donc beaucoup d'organisation et de rigueur. C'est
pourquoi on emploie depuis la fin du XVe siècle "c'est la croix et la
bannière", pour qualifier une situation qui demande beaucoup de
méticulosité. On a également dit aux XVIIe et XVIIIe siècles : "Il faut la croix et de l'eau bénite". Par extension, l'expression signifie également que quelque chose est difficile et complexe à réaliser. |
| Voilà une expression, apparue à la fin du XVIIe siècle, aux origines très controversées. Elle signifie en tout cas "échouer". La première hypothèse consiste à dire que l'eau de boudin serait celle dans laquelle on nettoie les boyaux avant la fabrication des boudins. Il s'agirait donc d'une eau sale, inutilisable et par extension à laquelle on pourrait assimiler une situation vouée à l'échec. La
seconde origine proposée est une déformation de "s'en aller en aunes de
boudins", où l'aune est une unité de longueur. Ici, on comparerait un
contexte peu favorable à la mort du porc, transformé en charcuterie. Par la suite, d'autres linguistes ont dit qu'il pourrait s'agir d'une déformation de "s'en aller en os de boudin". Le boudin n'ayant pas d'os, l'expression signifierait que l'on va vers quelque chose qui n'existe pas ou qui va échouer. L'explication la plus probable tient plus certainement au sens qu'avait le mot "eau" au XVIe siècle, à savoir, "excrétions liquides".
Quant au "boudin", il désignait le sexe masculin, et son radical "bod"
servait à qualifier le ventre, le nombril. L'expression serait alors
"partir en eau de ventre", autrement dit en colique, concordant avec
son sens de "échouer, être dans une situation peu râgoutante et peu favorable..." |
| | Leu-leu vient du mot "loup". © Martina Berg - Fotolia.com | |
| Marcher à la queue leu leu, c'est avancer les uns derrière les autres. C'est le latin "lupus" qui a donné au XIe siècle les noms "leu" et "lou".
Deux siècles plus tard y sera ajouté un "p" donnant notre actuel
"loup". Toutefois la forme "leu" subsistera jusqu'au XVIe siècle. "A la queue leu leu" renvoie donc aux loups qui, se déplaçant bien souvent en meutes, se suivent et marchent dans les pas les uns des autres, soit "les uns derrière les autres". |
| | Jeter sa langue au chien ou donner sa langue au chat : c'est du pareil au même. © Getty Images / Monatge L'Internaute Magazine | |
* | | Jeter la première pierre, c'est mal. Jeter la 2e aussi d'ailleurs... © Sinisa Botas - Fotolia.com | |
| "Je
ne vous jette pas la pierre Pierre, mais j'étais à deux doigts de
m'agacer". Qui n'a jamais entendu cette réplique culte du film "Le Père
Noël est une ordure", prononcée par Josiane Balasko ? Jeter la pierre signifie être le premier à accuser une personne. Cette
expression remonte à la nuit des temps. Elle fait allusion à l'Evangile
et à la "première pierre" jetée sur la femme adultère. En effet, à
cette époque, la religion punissait de lapidation ceux et celles qui commettaient certains pêchés
(dont l'adultère). Les premières pierres étaient jetées par les témoins
du crime et les suivants continuaient à lapider le fautif jusqu'à ce
que mort s'en suive. Une variante est apparue au milieu du XVe siècle où l'on disait "jeter des pierres dans le jardin des voisins" pour les accuser de quelque chose. |
| | "Lurette" est dérivé de "heurette", petite heure. © Getty Images | |
| "Je l'ai connu il y a belle lurette", autrement dit, il y a bien longtemps. Au XIXe siècle, le mot "heurette" signifiait "une petite heure". L'expression "il y a belle lurette" est une déformation de "il y a belle heurette", qui qualifiait à l'époque une durée indéterminable. |
| | Il s'est pris une veste... © Stepanov - Fotolia.com | |
| Quand on prend une veste (que ce soit d'un point de vue professionnel, affectif, sportif...), c'est que l'on a subi un échec. Cette expression, qui date de 1867 très excatement, semble être une référence au jeu de carte appelé "capot" dans lequel on disait "mettre un adversaire capot" pour signifier qu'il avait subi un échec, qu'il était ruiné. Or, il existait également un vêtement du nom de capote, qui a donné l'expression "prendre une capote",
puis au fur et à mesure "prendre une veste". Cette expression a gardé
le sens originel de "être capot", c'est-à-dire "subir un échec". |
C'est une autre paire de manches |
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| | Cette expression trouve bien son origine dans les manches des vêtements des dames. © Klara Viskova - Fotolia.com | |
| On a recours à cette expression quand on veut dire qu'il s'agit là d'une toute autre affaire. Au XVIe siècle, les femmes amoureuses pouvaient donner à un chevalier une des manches de leurs habits, car celles-ci n'étaient pas cousues définitivement. Ce geste symbolisait la fidélité.
"Une autre paire de manche" aurait donc pu signifier que l'un ou
l'autre avait été infidèle et avait commencé une nouvelle histoire
d'amour, donc quelque chose de très différent. A la même époque, on pouvait changer les manches de ses vêtements en fonction des activités que l'on allait exercer.
Passer d'une paire de manches à une autre signifiait donc que l'on
allait faire des choses tout à fait différentes. Cette expression est
restée pour signifier que l'on passe d'un sujet ou d'une occupation à une autre qui n'ont aucun lien. |
| | Ce chasseur rentre bredouille, sans rien. © Anjocreatif - Fotolia.com | |
| Bredouille : voilà un drôle de mot. Quel peut bien en être l'origine ? Du XIIe au XIXe siècle, le jeu de "trictrac" était très en vogue.
Il se jouait à 2 personnes, chacune ayant 2 dés et 15 dames. Le but
était de gagner 12 trous. Lorsqu'un joueur gagnait tous les trous sans
même que son adversaire ait le temps de jeter ses dés, on disait qu'il "jouait bredouille". "Etre mis en bredouille" signifiait donc que l'on n'avait rien gagné du tout. L'expression a ensuite pris le sens d'"être ivre", puis "ne pas avoir été invitée à danser" lors d'un bal pour les femmes. Enfin, au XIXe siècle, elle s'est appliquée au domaine de la chasse et a pris le sens de "rentrer sans gibier". Aujourd'hui, elle sous-entend que l'on n'a pas obtenu ce que l'on cherchait. |
Il me court sur le haricot |
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| | Courir sur le haricot de quelqu'un c'est l'agacer au plus point. © Getty Images | |
| Cette expression familière est née à la fin du XIXe siècle. Elle signifie que quelqu'un nous agace beaucoup. "Courir quelqu'un" signifiait déjà au XVIe siècle "l'importuner". Quant au "haricot", il correspondait, en argot, à un "orteil". Qui plus est, on l'utilisait également sous la forme "haricoter" qui signifia tout d'abord "être mesquin", puis "importuner". |
| | Pourquoi Arthur et pas Lucien ? © Getty Images | |
| "Il
est plus de minuit et il n'est toujours pas rentré ! Je peux te dire
qu'il va se faire appeler Arthur dès qu'il passera le pas de la
porte !" Cette expression, synonyme de "se voir faire des remontrances, se faire disputer", proviendrait de la Seconde Guerre mondiale. Elle ferait référence à l'occupation de la France pendant laquelle le couvre-feu avait été fixé à 20h. Le nom "Arthur" serait une déformation de l'allemand "acht uhr" (vingt heures) que les patrouilles ennemies criaient aux retardataires éventuels. |
* | Donner sa langue au chat signifie abandonner une réflexion, reconnaître son ignorance en arrêtant de chercher la solution à une question. Autrefois, on disait "jeter sa langue au chien".
Cette expression avait un sens dévalorisant car à l'époque, on ne
"jetait" aux chiens que les restes de nourriture. "Jeter sa langue aux
chiens" signifiait alors ne plus avoir envie de chercher la réponse à
une question. Petit à petit, l'expression s'est transformée pour
devenir "donner sa langue au chat", au XIXe siècle. En effet, à cette époque, le chat était considéré comme un gardien de secrets.
Sa parole serait donc de valeur considérable, et il pourrait s'agir en
"donnant sa langue au chat", de lui prêter la parole pour qu'il nous
donne la réponse à une devinette. |
Mettre les pieds dans le plat |
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| | Dans cette expression, "plat" ne désigne pas la pièce de vaisselle mais une étendue de boue. © Danielle Bonardelle - Fotolia.com | |
| Quand on met les pieds dans le plat, on aborde maladroitement un sujet sensible, sans s'en rendre compte. Au XIXe siècle, un "plat" était une vaste étendue d'eaux basses. "Mettre les pieds dans le plat" est à rapprocher de "faire une gaffe" ou "gaffer", qui signifiait en provençal "patauger dans la boue". Le fond d'un plat, au sens défini précédemment, est souvent boueux et vient troubler la clarté de l'eau
lorsqu'on y met les pieds. C'est à ce phénomène que se réfère
l'expression, qui signifie qu'une personne aborde un sujet à éviter et
qu'elle continue à en parler longuement, semant ainsi le malaise chez son auditoire. Le premier sens fut tout d'abord "agir sans aucune discrétion". |
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